Petite Escapade - Tour du Mondehttp://chez.emba.free.fr
Le Carnet de Route > Histoires extraordi... > Yémen - Oman
 
Qui, Pourquoi et Comment
 
   • Nous deux
   • Avant le départ
   • Keep your eyes open !
 
 
Le Carnet de Route
 
   • Au jour le jour
   • Photographies
   • Histoires extraordinaires
 
 
Et aussi...
 
   • Le Coin des Voyageurs
   • Les Prises de Tête de M.
   • "Bibliographie"
 
De la Lune au Poste
Le 26/10/06

Ascension du volcan

Nous devons rester à Aden pour quelques jours. Nous avons obtenu un billet d’avion pour Mukalla pour après-demain samedi 28 octobre.

Aujourd’hui, nous décidons de monter sur le premier étage de montagnes qui surplombent le centre-ville d’Aden, surnommé à juste titre Crater. Effectivement, il semble que la ville se situe dans un ancien cratère de volcan au ras du sol. Les montagnes alentour, correspondant au « cône » du volcan, sont faites de masses rocheuses allant du noir au rouge sombre.

Cette ascension est un défi pour Magali. Beaucoup de chiens errent sur ces montagnes. Or Magali a la phobie des chiens ! Mais elle est courageuse... De toute façon, ces chiens sont des peureux. Même en bandes de 4 ou 5, ils vous voient à 200 mètres, ils aboient puis voyant que l’on s’approche d’eux, ils réfléchissent cinq secondes puis s’en vont plus loin.

Ne vous inquiétez pas, j’avais pu constater ce phénomène pendant mon repérage des lieux l’avant-veille. Je m’étais alors complètement égaré, j’avais attaqué directement la paroi en traquant un groupe de chiens, espérant qu’ils m’indiqueraient un passage accessible... Peine perdue, ces chiens sont des bouquetins ! Vas-y que je te fais de l’escalade sans être assuré !! Ils sont passés dans un étroit couloir impraticable. Finalement après avoir rencontré un autre Yéménite, en vacances à Aden, qui divaguait lui aussi sur la paroi, je m’étais décidé à redescendre, et j’ai enfin trouvé le bon chemin...

Aujourd’hui donc, en début d’après-midi, par un temps miraculeusement couvert, dans ces contrées tropicales, nous avons décidé de pousser plus loin l’exploration. À proximité des « célèbres » citernes d’Aden, qui recueillaient l’eau de pluie « potable » descendant de la montagne, se trouve un chemin qui longe quelques baraques en construction. Ce chemin mène à un escalier délabré en pierre qui monte, monte pour atteindre ce qui semble être une citerne, un château d’eau multicentenaire, depuis longtemps inutilisée.

De là-haut, côté montagne, entre la barrière faite des pics du Jabal Shamsan et nous, un paysage lunaire et sombre, couleur de lave séchée, un grand plateau creusé de profonds canyons. Aucun arbre, aucune verdure, si ce n’est quelques rares pousses brûlées ici et là. J’imagine que, par temps ensoleillé, cet endroit doit être un four. Un endroit qui pourrait sentir le roussi et être l’antichambre de l’enfer.

Partout sur les collines, on aperçoit des quadrillages de pierres... Pas vraiment des murs, juste des pierres alignées au sol. De quoi peut-il bien s’agir ? Du marquage de délimitation de petits champs ? Du périmètre d’anciennes maisons ou de campements ? Il est pourtant difficile de faire pousser quelque chose ici ou même d’y vivre.

Sans pouvoir répondre à ces questions, nous nous contentons de la vue sans égal qui nous est offerte, même si cet endroit a un aspect lugubre... On ne peut pas dire que ce soit le jardin d’Aden... ;o)

Côté ville, du bord de la falaise, nous avons une impressionnante vue de la ville, qui ne manque pas de satisfaire pleinement Magali par ses qualités pédagogiques sur l’organisation urbaine d’Aden.

Après quelques élucubrations d’architecte, c’est reparti pour l’aventure.

On longe quelques baraques faites de planches de bois ajourées. On passe devant ce qui semble être des carrières de pierres calcaires. Ici et là, des veines de calcaires zèbrent le paysage. La plupart du temps, elles sont inexploitées et donc forment des espèces de grottes aux multiples piliers épais, courbes et voûtés.

Nous avançons dans ce désert de pierres noires. Quelques chiens, au loin, aboient dans notre direction, puis se taisent et disparaissent.

Au passage des canyons, des ponts-barrages ont été construits. Ils semblent récents, et sont sans doute la réponse du gouvernement aux inondations dramatiques de 1993 qui avaient dévasté une grande partie de la vieille ville d’Aden.

Nous avons repéré une route qui redescend vers la ville à l’horizon, nous allons pouvoir éviter de faire une boucle. Excellent !

À 15 h, ce désert, jusque-là silencieux, résonne soudain du chant des muezzins au loin, assourdi, en écho sur la montagne.

Plus tard, étrange spectacle. On entend des chiens qui aboient. En les cherchant du regard, on en trouve, au loin, au sommet d’un canyon. Mais qu’est-ce qu’ils font ?? Ah ! Cinquante mètres plus bas, un autre groupe de chiens. C’est amusant, ceux du haut aboient en direction de ceux du bas. Ceux-là cherchent à monter, mais la pente est difficile, ils cherchent, hésitent, aboient, trouvent un autre chemin... Ceux du haut semblent les encourager ou les guider !! Bon courage, les chiens, vous n’avez pas choisi le chemin le plus facile...

L’heure est à la re-descente. Dans deux heures, il fera nuit.

La redescente

En avançant, on découvre un énorme réseau de routes de chantier : celles qui ont dû servir à acheminer des matériaux pour la construction des barrages cités plus haut. On aperçoit enfin celle qui descend le plus et qui pourrait nous ramener en ville. Mais essayer de la rejoindre n’est pas une mince affaire, et d’autant plus que le soleil baisse maintenant à vu d’oeil sur l’horizon et que l’idée de passer la nuit dans ce désert noir en compagnie des meutes de chiens ne nous tente pas tellement... On s’engage dans des tas instables de pierres d’une dizaine de mètres de haut. Forcement, on glisse. Et forcément, on se râpe les fesses sur les pierres...

Finalement, après quelques moments de doute, de recherches, et d’appréhension, enfin on parvient à rejoindre la route qui semble redescendre sur un quartier de la ville. Youpi !

La route nous mène en effet à un parc désert de vieilles machines de chantier. Aie, au bout une grille apparaît. Une grille fermée par une chaîne un peu lâche... Peut-être est-il possible de passer à côté ?

Mais à deux mètres de la sortie, des types dans une baraque de gardiens nous aperçoivent... et font une drôle de tête.

La sortie de ce monde minéral ne peut en effet se faire que grâce à l’autorisation du cerbère des lieux : un gros Yéménite à la mine patibulaire... Il a du mal à comprendre comment on a pu arriver là. Il se dit de la police (mon oeil !), veut voir nos passeports (de loin, alors !...), après quoi, il décide d’appeler ces supérieurs... Après plusieurs appels, histoire de remonter suffisamment haut dans la hiérarchie et se faire mousser, il nous explique que la police arrive !...

C’est quoi c’te embrouille !! Apparemment, nous n’avons pas droit d’être sur ce chantier. Il semble penser que nous serions des espions en mission. D’ailleurs, il dit que la police va contrôler nos appareils photo...

Nous attendons une demi-heure. On sympathise avec quelques enfants pour passer le temps et montrer notre inoffensivité. Comment va réagir la police ? Les possibilités sont grandes : ça peut s’arrêter là, comme ça pourrait partir en vrille... Va-t-on garder nos appareils photo ? Expulsés déjà en France, ce serait dommage ! ;o)

Une voiture de police arrive tous gyrophares en action. Deux hommes habillés en militaire. Un jeune au volant et un vieux désabusé à l’arrière du pick-up. Pas le temps de dire bonjour, nous sommes installés à l’avant du véhicule, à côté du chauffeur.

Dix minutes plus tard, nous découvrons le commissariat d’Aden. On attend patiemment sur un banc près de l’accueil. Il fait maintenant nuit dehors et je profite de l’attente pour supprimer quelques photos potentiellement compromettantes (moi en train de grimacer, un pont peut-être stratégique... ?). Le gradé se lance dans une série d’appels téléphoniques. Vérifications passeports. Adresse de l’hôtel.

Cinq minutes plus tard, nos policiers nous libèrent avec de plates excuses... Ouf ! Ils ne se sont même pas intéressés aux appareils photo...

Notre chauffeur de policier nous reconduit à notre hôtel. Après de nouvelles excuses, il nous conseille gentiment un bon restaurant.

Allez, après ces émotions, on mérite bien un vrai bon repas !



Réalisé avec SPIP - article.html