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AGENDA - du 30 octobre au 05 novembre 2006
Le 05/11/06


-  dimanche 05 novembre 2006

Où : Al Ghayda
Quoi : Le réveil dans la chambre cauchemardesque de la veille est dur. Je décide de monter sur le toit de l’hôtel afin d’avoir un aperçu de la ville avant de me lancer dans les rues en quête de nourriture. C’est plus facile que prévu : je me rends compte que l’hôtel est en construction et que la volée suivante s’achève sur une dalle à ciel ouvert sans qu’aucune porte ne sépare l’intérieur de l’extérieur, un nouvel étage est en attente. La vue sur le toit est affligeante : je n’aperçois qu’une ville en chantier et sans âme, une ville sale et pauvre qui sent les ordures. Bref, le petit déjeuner avalé, nous sortons afin de nous renseigner sur le prochain départ pour Oman. Manque de pot, il n’y a pas de bus avant après-demain... Peut-être est-ce là une chance de redonner au Yémen de quoi nous laisser de bonnes dernières impressions... ? Après avoir changé d’hôtel (ouf), nous décidons de partir explorer la côte qui est en réalité à 8 km de la ville. Un taxi nous emmène en un tour de main sur une plage déserte de sable fin, qu’un tombeau ponctue d’une ombre rare. Première surprise cette plage n’est pas réellement abandonnée : des milliers (je ne rigole pas) de crabes jaune clair et énormes courent en tout sens sur le sable : ils ne vivent pas dans les rochers comme les noirs qui sont eux aussi pléthore, mais construisent des maisons en colimaçon dans le sable sec qu’un petit monticule signale de loin. Nous passons une partie de l’après-midi à discuter religion à l’ombre du tombeau en coupole, en nous servant des petits livres de propagande qui nous ont été distribués à Seyun. Intéressant, ça risque même de faire l’objet d’un article ! Puis nous décidons de nous en retourner à travers le désert : nous suivons tout d’abord une baiine qui s’enfonce dans les terres et dans laquelle nous apercevons de nombreux poissons volants. Puis c’est en suivant les traces de pas d’une « caravane » de dromadaires à travers les dunes que nous retrouvons le chemin de la ville, les dromadaires nous attendent à l’entrée. Nice ! Nous faisons ensuite quelques courses : les prix sont nettement plus élevés ici qu’ailleurs au Yémen... C’est qu’Oman et son rial à 2 euros se font sentir. On se prépare au choc financier...

-  samedi 04 novembre 2006

Où : Seyun/ Al Ghaya (prononcer alkayda...)
Quoi : Une journée dure et longue. En apprenant de bon matin que le transport en bus climatisé jusqu’à la ville extrême-orientale du Yémen était extrêmement cher pour les Européens (double du prix), nous avons tenté une magouille yéménite :). Nous nous sommes embarqués vers 11 h du matin dans un taxi collectif jusqu’à Al Roma ( ?), une ville qui n’existe sur aucune carte (ne cherchez pas) d’où nous espérions monter dans le bus climatisé parti plus tard de Seyun, mais à moindres frais... Le taxi collectif, sans climatisation bien sûr, a donc entamé la traversée du désert de l’Hadramaout... Et Dieu que cette traversée était longue : le désert du Jol, traversé pour aller à Seyun, était bien petit comparé à celui-là... C’est que la route traverse depuis peu les hauts plateaux désertiques sur lesquels aucune civilisation ne s’était jamais implantée auparavant... L’arrivée à Al Roma en pleine nuit s’est effectuée dans la plus grande confusion : j’étais « stone » à cause du calmant pris pour empêcher le mal de voiture et personne ne parlait anglais là-bas. La police nous a casés dans un hôtel en attendant le bus espéré. Quelques heures plus tard, vers 10 h du soir, nous nous sommes enfin embarqués pour la seconde partie du voyage dans ce bus de « luxe » (un car Euroline de base, mais « à la yéménite », c’est à dire avec un monceau de déchets dans l’allée centrale...), films arabes drôles et baston américaine débile. À 3 h 30 du matin, nous arrivons dans les rues détrempées d’Al Ghayda (tiens, il pleut dans ce pays) et atterrissons par malheur dans le pire endroit où nous ayons pour l’instant dormi, le sol et les matelas à même le sol (mousse sale de 3 cm d’épaisseur) étaient trempés... La pluie avait dû surprendre tout le monde, les murs étaient couverts de souillure et le hammam était un immonde WC à la turque pas lavé depuis sa création. Bref. Nous finissons par nous endormir déjà triste de penser quitter le Yémen sur de telles impressions...

-  vendredi 03 novembre 2006

Où : Seyun / Wadi Dohan
Quoi : Levés avec le soleil, nous partons grognons, une fois de plus... Que les matins sont durs au Yémen :). Mais le chauffeur et son air malicieux, ainsi que le bagou de l’Irakien ont tôt fait de nous dérider. Nous nous arrêtons plus tôt que prévu dans un site qui n’a rien d’extraordinaire, mais l’Irakien nous y narre une parabole des temps modernes : sous un énorme rocher, une voiture écrasée. Des voleurs qu’Allah aurait punis de leur larcin en leur laissant la vie sauve, mais en faisant des croyants convaincus. L’arrivée dans le Wadi Do’an, cette vallée verdoyante entre deux plateaux aux allures de Grand Canyon, se fait par la visite d’un premier village suspendu à la falaise : les palmeraies à son pied donnent le ton de la journée : vert, blanc bleue, et soleil ! L’Irakien qui ne connaît pas cette région est amusant : il est utile parce qu’il traduit, mais est tout fou de découvrir ces maisons de terre : nous nous engouffrons avec lui dans de nombreuses maisons effondrées par les pluies et découvrons leur architecture domestique une fois de plus différente de celle des autres régions du Yémen. Un tour du monde est-il vraiment utile après avoir vu le Yémen :) ? La journée se poursuit ainsi, de découvertes naturelles en découvertes architecturales ; nous tombons parfois sur des ruches d’abeilles bourdonnantes du meilleur miel du monde (le prix l’atteste) c’est fascinant. L’architecture de ces villages tout comme les visages de leurs habitants est fortement marquée par une influence indienne ou indonésienne : une sorte de transition en douceur vers la suite du voyage ? En tout cas, le bleu vert ou jaune pastel sur les murs en terre se fondant dans le décor est saisissant. Au 3e village un pneu éclate... C’est qu’on n’a pas pris de 4x4 avec notre budget. Inch Allah, ça ne se reproduira pas, maintenant on n’a plus de pneu de rechange et c’est « vendredi » (= dimanche). En fin d’après-midi une frénésie de grimpette nous prend et nous escaladons les falaises surplombant les deux derniers villages afin de nous offrir une vue plongeante sur le wadi, mémorable (voir photos). Le retour de nuit se fait sans anicroche, malgré quelques épisodes « à pied », la voiture ne pouvant pas passer partout ! De retour à l’hôtel, mes habits envoyés au pressing m’attendent ; euh : ils ont l’air aussi sales qu’avant... Bon, tant pis, vive le savon de Marseille !

-  jeudi 02 novembre 2006

Où : Seyun / Tarim / Aynat
Quoi : Deuxième excursion au départ de Seyun : nous aimons bien nous recréer des petites bases à chaque fois que nous changeons de région... Les paysages jusqu’à Tarim sont typiques du Hadramaout : oasis de palmiers et plateaux de terre ocre alternent de part et d’autre du bandeau asphalte. À Tarim, nous nous précipitons dans le palais-musée de la ville avant qu’il ne ferme à 12 h... L’architecture « hadramouite » matinée de style indonésien me parait « chichiteuse » : on accroche moyennement, mais on rit bien avec le gardien qui nous offre une session improvisée de déguisement en bédouine et d’essai des carabines et autres épées d’exposition. Nos pas nous mènent ensuite dans les rues de cette ville dont le charme est presque plus évident que celui de Shibam : cette ville est habitée et ça se sent. On observe avec curiosité les tranchées externes, verticales et étanchéifiées qui creusent les façades des maisons : elles permettent au contenu des toilettes de s’écouler au vu et sus de tout le monde dans un réceptacle à ciel ouvert donnant sur la rue. Quelqu’un est ensuite chargé de collecter le contenu de ces toilettes sèches pour le revendre comme engrais aux paysans, well... Why not ! Le déjeuner classique poisson-riz-citron pressé, se prolonge par une séance de portraits réciproques au crayon : hilarant ! Après une séance de marchandage qui a attiré toute la population mâle du quartier, nous partons en taxi vers un village, Aynat, en embarquant avec nous un charmant vieil homme qui parle un peu anglais, étant né sous le protectorat britannique à Aden il y a 73 ans... La route et la conversation sont agréables : on parle palmiers et amour (le vieil homme veut se remarier :). Le village et son cimetière aux 7 coupoles sont incroyables sous la lumière du soleil de l’après-midi. Nous croisons, des enfants (bien sûr), un dromadaire (encore), des maisons en boue détruites par les dernières pluies (comme chaque année apparemment...). Nous montons sur la colline qui domine le village : les pierres sont coupantes (ma jupe s’en souvient), mais la vue à des kilomètres est impressionnante : les photos de Manu confirmeront. Au moment de redescendre, nous nous rendons compte que tout le village a suivi notre ascension : le vieil homme qui attendait dans le taxi est déjà au courant ! De retour à Seyun, nous nous préoccupons de notre excursion demain dans le Wadi Do’an : cette fois, pas d’improvisation, il nous faut un chauffeur pour la journée : c’est loin et cher... On parle à plein de gens, on négocie, et finalement, comme toujours, on rencontre un homme qui veut nous aider : il est irakien, et possède un restaurant juste à côté. Il appelle son voisin, ami et chauffeur de son état, qui en outre semble connaître le Wadi Do’an en question. Deux verres de thé et quelques présentations plus tard, l’affaire est conclue : rendez-vous demain 7 h au restaurant pour une journée de visite à 4 ; le chauffeur, Manu et moi... et l’Irakien qui a décidé pour l’occasion de prendre une journée de vacances !

-  mercredi 1er novembre 2006

Où : Seyun / Shibam
Quoi : La journée a commencé par une dispute matinale débile, comme la vie en communautés en génère parfois... Silence de mort dans le taxi collectif et arrivée glacée à Shibam, la « Manhattan du désert ». LE monument architectural et urbain qui m’a fait rêver du Yémen, il y a quelques mois. La ville écrasée sous le soleil est presque déserte. Les échoppes d’artisanat de tourisme sont nombreuses. La première impression que nous offre cette ville après quasiment un mois de visite au Yémen est un peu décevante. L’architecture de ces maisons tour de terre, est simple et sûrement moins virtuose que celle de Sanaa. Les fils électriques par milliers suspendus à 5 m du sol coupent un peu la vue. Mais la rue est propre pour la 1iere fois et on sent la « protection » de l’Unesco. Quelques innovations des habitants nous font sourire, comme ces quelques marmites suspendues à un fil qui servent apparemment à faire passer des objets ou de la nourriture d’une maison amie à l’autre. Vers midi un peu las de tourner dans ce lieu que nous apprécions, mais qui nous parle finalement moins que d’autres, nous nous asseyons sur les marches d’une maison. Des petites filles nous approchent, nous communiquons avec les moyens du bord. Un homme, Tarik, nous aborde ensuite et entame la conversation, c’est l’oncle des fillettes apprendrons nous plus tard. De fil en aiguille, il nous invite à venir déjeuner chez lui. D’abord un peu suspicieux après les insultes des enfants du matin et parce dans cette ville trop touristique tout semble devoir se monnayer, nous acceptons finalement. Bien nous en a pris ! L’après-midi qui a suivi fut intense et « fulfilling » : la vue sur la vallée aux millions de palmiers depuis le haut de cette maison très accueillante, le henné rapide avec les femmes autour d’un thé et le déjeuner de poisson salé étaient déjà un véritable cadeau. Mais la rencontre avec Tom, un architecte allemand habillé en Yéménite qui habite Shibam depuis 4 ans et qui est un ami de Tarik nous a comblés. Ce Tom est en effet est en charge du programme de « rénovation urbaine » de Shibam. 4 heures de discussions à bâtons rompus sur l’architecture de Paris, Londres et Shibam, sur le développement durable urbain, sur les idéaux de vie, sur l’islam, les amis et la vie en communauté à Shibam ont passé en un éclair. Un peu avant que le soleil ne se couche, nous sommes sortis avec lui admirer la ville depuis l’extérieur des remparts, et la beauté éclatante de ces façades classées a enfin éclaté. Avec du recul, leurs proportions et leur rythme incroyable sont saisissants. Tom nous a montré une mosquée qu’il a rénovée : cet architecte a vraiment du talent... Nous échangeons nos coordonnées (une fois de plus) avant de sauter dans le taxi du retour. Seyun nous accueille pour le dîner avec de nouvelles rencontres autour d’un verre. La vie est belle, finalement, à deux, ici...

-  mardi 31 octobre 2006

Où : Seyun
Quoi : Visite du palais de la ville, qui s’élève face à notre balcon. Impressionnant, cette forteresse blanche qui se détache sur le fond « ocre terre » des montagnes et de la ville. La visite cette fois est passionnante. Le département « archéologie » tout d’abord nous rappelle que cette région productrice de miel et d’encens (la route de l’encens passe ici) est habitée depuis des millions d’années et figure à la fois dans la Bible et le Coran. Puis l’exposition à travers un dédale de salles simples, mais blanches et belles passe en revue tous les champs de la vie quotidienne (styles vestimentaires, outils de cuisine, d’agriculture, de guerre, etc.). Deux expositions photo d’explorateurs des années 30 nous aident à mieux comprendre l’évolution urbaine et sociale de la région. Les « pigots » ont remplacé les chameaux, et parfois les parpaings les briques de terres. Les ordures non biodégradables donnent aujourd’hui un air plus dégradé à l’ensemble. Mais les enfants sont les mêmes, le souk et les maisons aussi... Étrange pays immobile et dans l’air du temps en même temps. Nous découvrons la vieille ville encore endormie durant les quelques heures de soleil de l’après-midi : c’est fou comme tout change avec le ramadan ! Les gens dorment tout le temps ou quoi ? À 9 h ce soir, en effet, tout sera éteint... Nous partons pour le thé chez notre ami jordanien.

-  lundi 30 octobre 2006

Où : Al Mukalla
Quoi : Les musées n’étant ouverts que de 9 h à 12 h, dans ce pays il ne faut pas louper l’ouverture... Visite du palais de l’imam donc, un peu décevant pour le prix, mais comme d’habitude nous avions l’ensemble de l’exposition pour nous. La chaleur est écrasante sous ces latitudes. Quelques heures au soleil dans la ville et retour à l’hôtel pour déguster avec les doigts notre poulet-riz-cardamome, acheté au kilo dans une échoppe du souk, avant de repartir pour la gare routière. Mukalla Seyun. Le prix : 1000 rials par personne, nous confirme la longueur du trajet, de la traversée du désert : le Jol. Pas un arbre, ni un buisson à perte de vue : des cailloux, des cailloux et des plateaux de cailloux. Après une pause réparation (de quoi ?), nous faisons connaissance d’un passager sur la banquette avant : un professeur jordanien de statistique vivant à Seyun depuis quelques années. Le trajet continue, et soudain le paysage change, nous sommes dans le wadi : champs de palmiers à profusion, grands canyons et maison-tours de terre d’une élégance nouvelle... Surprises incessantes du Yémen. Arrivée à Seyun, hôtel, douche et sortie avec le professeur jordanien pour le dîner, une balade dans la ville de nuit et une escapade sur les hauteurs de la ville. Nice ! Rendez-vous demain soir pour un thé chez lui.



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