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Premiers jours en Chine : POUCE !
Le 24/03/07

Pouce !

Bon là, ça fait presque 6 mois et honnêtement y a un truc qui craque à l’intérieur.

Les derniers jours du Vietnam étaient très intenses, et même si on ne s’en est pas rendu compte sur le coup, c’est un peu dur aujourd’hui d’enchaîner sur un pays tout neuf, et encore, avec la pression d’un temps trop court pour en faire (un petit) tour...
En fait, il faut avouer que nous ne sommes pas très préparés de manière générale : le seul background que nous avons sur un pays avant d’y arriver c’est les indices que nous en ont donnés ses pays voisins... alors parfois comme en Indochine, c’est efficace. D’autres fois, comme pour la Chine c’est plus dur.
Heureusement, le Vietnam nous a bien introduits aux formes architecturales traditionnelles et même un peu à la rudesse des gens... mais ça reste mince par rapport à la complexité de ce géant.

Nos premières impressions, comme celles de tous les pays dans lesquels nous entrons, sont des impressions-surprises.

De la Chine, on nous avait dit que les gens étaient incroyablement sales, qu’ils crachaient partout par terre, que les bus de nuit étaient une infection, et les villes n’en parlons pas.
Effectivement, les gens crachent, on fait pipi devant tout le monde dans des toilettes ouvertes, et parfois l’odeur des bus de nuit est légèrement incommodante.
Mais nous devons être vaccinés par l’Inde ou d’autres campagnes, parce que nous ne retenons que le côté impeccable des rues de Kunming, où les éboueurs ramassent les feuilles une à une, et où au moins la moitié des deux roues sont des scooters électriques, le reste étant des vélos ! (un délice pour les oreilles : on se croirait dans un village alors qu’on est dans une ville de plus de 8 millions d’habitants !)

On nous a aussi ressassé que les Chinois n’en avaient rien à faire de nous, que c’était l’ignorance totale au mieux, le mépris au pire.
Et bien, ce n’est pas vrai. Effectivement, des touristes occidentaux, il n’y en a pas énormément (en fait, il y en a beaucoup, mais la taille du pays étant tellement incroyable, ça ne se remarque presque pas !)
En outre, le tourisme est essentiellement tourné vers la clientèle chinoise locale (avec 1.5 milliard de Chinois, il y a de quoi faire, surtout que l’émergence de la classe moyenne est plus que visible)... Mais malgré tout cela, ils nous remarquent quand même et nous aident bien, nous sommes forcés de l’avouer.
Mes cheveux blonds ne passent pas inaperçus, ou serait-ce mon teint pâle qui fascine tant les filles urbaines à la peau décolorée. Et puis, il faut aussi mentionner le fait qu’Emmanuel, qui est passé expert en matière de commande dans les restaurants chinois (il va dans la cuisine faire le choix des ingrédients, voir plus loin !), a le contact de plus en plus facile avec tous les gens qu’on accoste pour demander notre chemin.

Par contre, on ne devait pas nous avoir assez prévenus sur le coût de la vie. Et là, la surprise a été rude. On double notre budget du Cambodge, on triple celui du Yémen... et on n’économise plus trop pour les durs mois à venir du Japon, d’Hawaï et de la Californie (sans parler du Chili, du Brésil ou de l’Afrique du Sud...).
... Durant ces premiers jours chinois, les calculs mentaux angoissés ont donc bien souvent servi de digestifs à des additions trop salées !

Enfin bref, trêve de commentaires, voici un petit résumé de nos premières journées en Chine, après un long silence vietnamien, histoire de vous dire qu’on ne vous a pas oubliés !

Pas facile d’entrer dans l’Empire du Milieu...

Mardi et mercredi 20 et 21 mars 2007
Où : Hekou, frontière Chine/Vietnam,
Quoi :
On rend les motos à un inconnu louche dans un café de Lao Cai... Mais quand il nous rend finalement notre caution de 700 dollars en échange, nous en oublions presque son air de fouine mal réveillée pour lui faire confiance : le temps pressant nous le suivons donc jusqu’en Chine ou il nous sert d’interprète pour acheter nos premiers billets de bus de nuit à destination de Kunming, la capitale du Yunnan.
Dans cette petite ville frontière chinoise où la pression des dernières heures en Minsk sous la pluie s’estompe enfin, on laisse filer les heures avant le départ...
Mais au moment de charger les sacs dans le bus, c’est le drame : Manu se rend compte, affolé, que son appareil photo a disparu !
Il est resté de l’autre côté de la frontière, dans le restaurant du loustic ! (... Ou dans sa poche ?) Mais il est trop tard pour faire demi-tour : notre visa a expiré et nous ne pouvons repasser de l’autre côté.
En désespoir de cause, on retire quand même à la dernière minute les sacs du bus et nous le regardons partir avec désolation. On a pris la décision de tenter le tout pour le tout et on se rend dans une petite cabine téléphonique dans laquelle on se ruine consciencieusement en coups de fil sur un portable vietnamien depuis la Chine à 500 m à peine de la scène du crime. Bien sûr, c’est peine perdue et on s’entend dire que « non, bien sûr que non, il n’avait pas vu l’appareil, mais que bon, si jamais il le retrouvait, combien est-ce qu’on donnerait comme récompense ? »
Malheureusement, notre proposition ne s’élevant qu’à 100 dollars, elle n’a pas dû suffire à le convaincre... (Ça se revend bien à ce qu’il parait ce genre d’appareil). En effet, après lui avoir donné 24 h pour « chercher l’appareil », il ne nous aura toujours pas rappelés...
Nous avons donc cherché une guesthouse pour passer la nuit et attendre notre bus de nuit repoussé au lendemain.
Bien sûr, nous nous sommes fait arnaquer par le premier mec qui parlait anglais dans la rue. Nos pleurs et notre état de fatigue manifeste n’ont pas tardé à le convaincre qu’on ne dirait pas non à n’importe quel lit... Il nous a donc emmenés dans un petit hôtel miteux aux prix excessifs (cet hôtel devait d’ailleurs être, comme la plupart, interdit aux Occidentaux à mon avis, pour ne pas donner une image trop dégradée du pays au monde extérieur). La douche y était en effet glaciale et la salle de bain encore en construction.
La Chine ce soir-là m’a donnée la nausée, et à 3 h du matin j’étais encore dans la salle de bain dont le plâtre s’écaillait des murs, à tenter de finir de me vider pour de bon...

La journée glauque du lendemain toute faible pour moi, toute grise et bleue pour Manu (à l’internet), s’est déroulée de manière neutre. Un peu comme si nous nous refusions à entrer en Chine, bloqués que nous étions dans cette zone tampon à 50 m du Vietnam. Un peu aussi comme si notre corps et notre cerveau faisaient un rejet de toute nouvelle culture, de tout nouvel effort d’assimilation.

Le voyage en bus de nuit nous a pourtant bien vite forcés à remettre les deux pieds dans la réalité.
La découverte des couchettes de 40cmx1.5m de long et la panne de moteur qui a duré 3 h sur le bord d’une route sans lumière, ont été suivies par une série de nausées angoissantes : Emmanuel, n’avait lui non plus, finalement pas vraiment digéré son passage dans l’Empire du Milieu...

Entrée en Chine moderne

Jeudi 22 mars 2007
Où : Kunming
Quoi :
L’arrivée dans la grande ville à l’aube a fini de nous mettre en contact avec le pays. La démesure des autoroutes qui s’entrecroisent, le nombre infini de nouveaux bâtiments qui s’entassent les uns sur les autres, la complexité des styles architecturaux qui s’opposent sans vrai dialogue, tout ça vu en un clin d’œil depuis la fenêtre du bus, nous a d’ailleurs un peu fait peur...
Et pourtant, il n’y avait vraiment pas de quoi. La ville de Kunming est une découverte de calme, de bonheur urbain paisible et d’harmonie avec la nature.
Rien que ça.
Bon, je suis peut-être un peu lyrique si on prend en compte le fait que sur le plan patrimonial les efforts sont un peu minimaux (ils ont presque tout rasé pour la grande expo horticole de 1999 qui leur a également permis de restructurer la ville), mais la qualité de vie y est indéniablement nettement supérieure à celle de nombreuses villes que nous avons déjà traversées.
Les avenues sont larges, les immeubles hauts, mais les arbres sont presque toujours présents. Sur les trottoirs également disproportionnés, les piétons marchent en toute quiétude, séparés de la voie de circulation par une plate-bande de fleurs très bien entretenue. Les deux-roues, tout électriques et donc extrêmement silencieux, sont eux-mêmes protégés des voitures par une petite grille de 40 cm de hauteur qui coupe la chaussée en deux voies parallèles...
Les pavés sont neufs ou très bien entretenus, les aménagements urbains modernes agréables et designs. Les agents de maintenance très nombreux.
Et même lorsqu’on s’éloigne de l’hypercentre (trop commercial sans doute), la qualité urbaine ne diminue pas vraiment. Les matériaux sont plus pauvres bien sûr, mais l’entretien est le même, et si le décor perd en classe, il le regagne en spontanéité des usages.
Bref une ville charmante !

Enfin pas pour tout le monde : Emmanuel continue en effet ses crises de la nuit et profite de cette 2e journée « Pouce ! » pour dormir de tout son saoul.
Le soir même, une rencontre avec un charmant photographe français qui maîtrise le chinois à merveille nous détourne de notre intention initiale d’aller vous raconter nos aventures sur internet, et nous nous couchons épuisés à 23 h ! (On a une résistance qui diminue en ce moment je crois... peut-être est-ce tout simplement que nous nous ne supportons plus le froid ?)

Des larmes, toujours des larmes

Vendredi 23 mars 2007
Où : Kunming
Quoi :
Ce deuxième jour à Kunming est un jour catastrophe. Un de plus, allez-vous me dire. La Chine ne commence vraiment pas bien et je ne sais pas exactement combien de temps va durer cette léthargie qui nous ralentit dans toutes nos décisions et tous nos élans.
Cette fois, c’est moi qui suis patraque à nouveau. Pas de quoi rester au lit, mais suffisamment de quoi annuler la journée de vélo que nous avions prévu jusqu’à un endroit soi-disant incroyable du coin.
On se traîne donc une fois de plus à internet, parce qu’en plus de ne pas être dynamiques, nous ne sommes pas surs de notre itinéraire chinois. Il nous semble que notre choix d’éliminer Hong Kong à la dernière minute faute de temps et au profit de contrées plus centrales et reculées ne soit pas le meilleur.
Alors, nous cherchons encore et encore une solution pour tout faire, sans vider le porte-monnaie. Mais c’est peine perdue.
Nous décidons finalement de ne rien changer. Bref. Une matinée comme on les aime !

Un peu de couleurs sur mes joues et l’envie de manger qui me reprend nous incitent à louer des vélos pour, au moins, aller visiter un temple aux alentours de la ville.

Et là, c’est le drame.
Après quelques kilomètres tranquilles, à la faveur d’un tournant, Emmanuel disparaît devant moi comme par enchantement. Pas stressée pour autant, je décide de retourner au carrefour où il a disparu et de l’attendre en pensant qu’il va revenir me retrouver lui aussi à cet endroit là une fois qu’il se sera rendu compte que je ne le suis plus.
Une demi-heure passe et il n’est toujours pas là. Je me dis que j’ai dû me tromper, qu’il a dû me passer devant sans que je ne le remarque et je décide donc, la mort dans l’âme (je n’ai ni la carte ni les sous, ce jour-là) de rentrer « à la maison », où il saura me retrouver.
De retour dans notre chambre-dortoir, personne. J’attends donc une heure.
Toujours personne.
Je décide donc de refaire le chemin à l’envers (dans la ville bondée du trafic de l’heure de pointe).
Toujours pas d’Emmanuel.
De retour au lieu fatidique de la disparition, je reparcours toutes les rues alentour, et commence à paniquer devant des terrains vagues qui me paraissent soudain bien louches. Je montre la photo de Manu, prise ce matin dans le cybercafé, à plusieurs personnes. Mais non, personne ne l’a vu.
Argghhhh !
En désespoir de cause, je décide enfin de rentrer : il fait presque nuit.
Ça fait 3 h que Manu a disparu à quelques mètres de moi et il n’est toujours pas rentré.
De retour à l’hôtel, je cède alors vraiment à la panique et signale sa disparition en pleurs à la réception. Je leur demande d’appeler les hôpitaux du coin au cas où il aurait eu un accident sans que je ne m’en aperçoive.
Mais rien.
Je pleure maintenant à chaudes larmes, et j’imagine le pire.
J’ai même écrit une description détaillée de mon homme et l’ai donnée aux responsables de l’hôtel qui sont sur le point d’appeler la police quand soudain : Manu sur son petit vélo réapparaît au bout de la rue !!!
Arrrrggghhhhhhhhh !
Je craque...

Bon, l’explication semble simple avec du recul. Ce n’est pas une grande nouvelle pour personne : il est moins stressé que moi dans la vie ce monsieur, et pour lui, nous nous sommes simplement perdus. La géographie de l’endroit fatidique étant particulière. Je lui suis passée devant sans le voir, dans une montée juste après un tournant, alors qu’il demandait le chemin. Il a attendu à un endroit voisin du mien que je le rejoigne quand il s’est rendu compte de ma disparition, mais sans m’apercevoir pour autant. Il a donc cru que j’étais partie devant et a ensuite poursuivi sa route pour me rattraper...
Sans céder un instant à la panique, il a donc visité le Golden Temple en question, et est finalement rentré, 3 h plus tard, en pensant que j’étais simplement partie faire du shopping après nous être perdus mutuellement !
Dieu que je rêve d’avoir un jour sa sérénité ! (ou un deuxième téléphone, ce ne serait pas mal, aussi...)



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