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The road movie part of the trip - Mémo Californie 2/3
Le 18/05/07

Mercredi 16 mai 2007 - suite
où : Côte Pacifique/de Santa Cruz à Big Sur
quoi :
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Santa Cruz et la cote Big Sur

Pour avoir une chance de découvrir la Grande Amérique, celle de « Thelma et Louise » et celle de tant d’autres road movies américains, nous n’avons pas eu d’autres choix que de louer une voiture.
En arrivant chez le loueur, nous avions déjà payé l’intégralité de notre location sur internet... et pourtant les négociations ne semblaient pas être finies. Le vendeur nous a soutenu que la voiture économique que nous avions réservée ne serait jamais assez grande pour nos sacs et costaude pour notre périple. Il nous fallait selon lui ABSOLUMENT upgrader (ie prendre la taille au-dessus), passer de la taille « économique » à « compact », et évidemment payer plus. Par contre, pas question pour lui de nous montrer la voiture pour qu’on puisse s’en rendre compte...
Après moult hésitations, nous avons fini par rester sur notre position. Après tout, nous avions fait de la moto en Minsk dans des chantiers au Vietnam ! Le loueur visiblement fâché a tout de même accepté de nous signer le contrat final, et nous a envoyés dans le garage.
... La voiture était GIGANTESQUE ! (au vu de nos standards Européens).
Je ne saurai vous la décrire précisément, mais il me semble que la voiture de papa n’est pas plus grande ! 4 portes, quasi toute neuve, un coffre pour 3 ou 4 gros sacs à dos, etc, etc.
On a compris ensuite qu’il voulait nous faire payer le modèle au-dessus, car il n’avait plus le modèle le moins cher. Mais on est donc quand même parti avec la (large) « compact » pour le prix de l’économique...
Cependant, les Américains ont vraiment une vision très différente de la taille des choses. Si c’est notre premier aperçu de leur obsession du gigantisme, une chose est sûre, ce ne sera pas le dernier !

Le petit frisson d’émotion passé, on a réussi à partir, enfin quand je dis « on », je devrais être plus modeste puisque, oui, vous n’allez pas me croire, mais Manu est le seul à avoir conduit durant toute la durée du périple...
À ses côtés, je n’ai servi que de GPS...

Les premiers kilomètres nous ont pourtant donné de vraies sueurs froides : Emmanuel n’avait pas conduit depuis plusieurs années - près de 5, si j’ai bien compris - et la sortie de San Francisco, le réservoir vide (il a quand même réussi à nous avoir là-dessus le vendeur de tout à l’heure), était un peu tendue.

Heureusement en moins d’une heure nous étions sur la route numéro 1, celle qui longe la côte californienne de San Francisco à Los Angeles et offre, apparemment, les panoramas les plus impressionnants qui soient. Et il faut bien avouer que le coucher de soleil sur les premières criques rouges et noires était, il est vrai, à la hauteur de nos espérances.

L’arrivée à Santa Cruz dans la nuit noire n’a pas été aussi difficile que prévu. La ville était petite et le GPS déjà rôdé :).
Pour la première fois depuis le Japon, nous avons laissé tomber l’auberge de jeunesse au profit d’un motel, un vrai. Ça y est, nous étions enfin sur la route des Amériques !

Jeudi 17 mai 2007
où : Côte Pacifique/de Santa Cruz à Big Sur
quoi :
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Big Sur et San Luis Obispo

La visite en quelques heures de Santa Cruz nous a offert nos premières impressions espagnoles. La visite de l’ancienne mission sur la colline et de l’Église qui lui était rattachée nous a introduits aux débuts de l’histoire coloniale espagnole.

Mais nous sommes partis pour vivre un road movie, il n’est pas question de traîner... « Big Sur » nous attend, Big Sur : sa route en lacets, ses falaises à pic et criques toutes déchiquetées.

Plus tard, nous nous sommes tout de même arrêtés à Monterey afin de visiter la mission de Carmel, histoire d’approfondir nos connaissances historiques. Pour ce faire, nous nous sommes offerts un luxe tout à fait américain : nous avons emprunté une route privée payante à 10 dollars les 17 miles !
IL avait réussi à acheter la seule route passant sur la côte...
Vive l’Amérique !

Mais la nuit était déjà là et nous n’avions encore aucune idée d’où nous pourrions bien dormir. Si nous avions au départ tout simplement envisagé de dormir dans la voiture au bord de la route au cas où nous ne trouverions pas de motel à prix abordable au moment de nous endormir, nous nous sommes vite rendus compte que c’était mission impossible en Californie. Le moindre bout de parking est affublé par ici d’un écriteau interdisant d’y passer la nuit, en vertu du décret de loi bien menaçant.

On a donc tenté de s’installer dans le premier camping qui passait. Il s’agissait en réalité d’un parking doublé d’une étendue d’herbe pour les tentes. Bien qu’aucun camping-car ne stationne sur le parking et que la cabirotte d’accueil soit vide à l’heure de notre arrivée, nous avons décidé de tenter le tout pour le tout.
Enfermés dans le noir de la voiture pour ne pas attirer l’attention nous avons tenté de faire et de manger nos sandwiches le plus discrètement possible...
Manque de bol, on s’est fait repérer dès la première ronde des rangers (ces policiers, guides et gardes forestiers à la fois, dans les parcs nationaux).
Assis immobiles, et collés contre les sièges, nous avons vu le rond de sa lampe de poche se rapprocher de notre voiture dans le rétroviseur intérieur.

Même s’il était particulièrement stupide d’attendre ainsi qu’ils nous découvrent terrés dans notre maison de fortune, nous avons tout de même attendu qu’il arrive à notre hauteur pour donner signe de vie et ouvrir la porte, la mort dans l’âme.
Il ressemblait tout à fait à ces hommes en uniforme qu’on voit dans les films, chemise beige, large chapeau de feutre et insigne brillant sur la poitrine.

Au moment où j’ai ouvert la porte, je me voyais déjà en prison ou en train de signer un très très gros chèque sans pouvoir dire un mot...

Mais par chance, il ne s’est pas fâché. Au contraire, il nous a très gentiment indiqué un autre camping à quelque 5 miles de là, où il était possible de passer la nuit dans la voiture, sur un emplacement précis et pour la modique somme de 20 dollars... Ouf nous avons eu plus de peur que de mal !

Ce soir, c’est notre première nuit dans la voiture. Je suis recroquevillée sur la banquette arrière tandis qu’Emmanuel se contente du siège avant inclinable... La voiture est garée sur une place en pente, et il fait très très très froid dehors.
Bonne nuit !

Vendredi 18 mai 2007
où : Côte Pacifique / de Big Sur à San Luis Obispo
quoi :
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Big Sur et San Luis Obispo

Levés à 6 h, départ 7 h.
Nous n’avons pas trouvé les douches...
Nous n’en avons surtout pas eu le temps : nous avons décidé de partir avant que le gardien ne reprenne ses fonctions à 8 h du matin ! (C’est mal je sais, m’enfin la nuit était dure et c’est la seule fois que nous le ferons)

Re-côte, et re-vues magnifiques, re stops innombrables, re petites randos, et re-route qui tourne. Le vent continue de souffler.

Puis sans prévenir, au bout de quelques heures de route les falaises s’effondrent dans la mer, et des prairies s’étirent toutes en ondulations sur la côte jusqu’aux vagues...

Dans une crique, une foule de « sea lions », s’entasse « au naturel ».

Plus loin « Heart Castel », la résidence incroyable qu’un magnat de la presse a fait construire sur les hauteurs me surprend. La visite est très chère, mais elle en vaut définitivement le coup. William Hearst était un très grand collectionneur et architecte, et sa demeure est d’un goût exquis. Je ne savais pas qu’il était possible de faire cohabiter des chaires d’églises avec des plafonds italiens, des tapisseries médiévales espagnoles, une statuaire grecque, et d’autres œuvres d’art sans qu’une impression de mauvais goût éclectique ne vienne vous submerger.

Nous arrivons à San Luis Obispo plus tard dans l’après-midi. Cette petite ville est vraiment très « laid back ». L’ambiance y est typiquement californienne, mais la population étudiante rafraîchit considérablement l’atmosphère.

Nous nous installons dans un café avec toutes nos cartes afin de définir un plan d’action un peu plus précis pour les jours à venir. Le Grand Canyon nous parait soudain très loin, au rythme auquel nous roulons depuis hier, et il nous parait impossible de choisir entre la Death Valley, Los Angeles et la route 66.
Mais nous sommes en Amérique et il ne se passe pas longtemps avant que la discussion ne s’engage spontanément avec les gens de la table voisine, qui ont très envie de nous aider. Leur curiosité est marrante, et même si leur aide est un peu limitée puisqu’ils ne connaissent vraiment que San Luis Obispo, c’est chouette malgré tout.

On finit par décider de re-dormir dans la voiture, dans un camping près de la plage, malgré les mauvais souvenirs de la nuit précédente.
Cette fois-ci, on paye, et on repère les douches dès l’arrivée !
Autour de nous, il n’y a que des 4x4 ou des campings-cars qui ressemblent à des autobus. Le loueur de voitures ne nous avait pas menti finalement : notre voiture fait vraiment figure de mini par ici !

Sur une partie de la plage, les feux de camp se disséminent sur le sable. Les 4x4 remplis de nourriture les accompagnent et quelques engins de kart sillonnent le rivage qui rougit.
C’est l’American way of Life, démesuré comme je me l’imaginais, forcément à la sauce barbecue !

Samedi 19 mai 2007
où : Giant Sequoia National Monument
quoi :
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Parmi les Séquoias Géants

Le réveil sonne à nouveau à 6 h, mais nous partons un peu plus tard cette fois-ci : il n’est pas question de faire l’impasse une nouvelle fois sur les douches !

Il me semble que nous traversons enfin nos premiers paysages américains. Les montagnes sont faites de terre jaune. Pelées et crevassées, elles sont pourtant souvent striées de rouge. Leurs flancs sont pelés comme au Yémen et je ne me suis jamais sentie aussi proche de l’Hadramaout !
La petite route que nous empruntons serpente au coeur de ce paysage sans échelle, et nous parcourons soudain des distances incroyables.
La carte nous mentionne de petites villes supposées s’égrener le long du trajet : mais je n’arrive même pas à les reconnaître quand nous les traversons. Il n’y a souvent que quelques centaines d’habitants, et leurs maisons s’étalent sur des kilomètres...

On ne compte plus les mirages sur la route et l’impression que la chaleur consume le bitume en faisant trembler le ruban de la route au loin est magique.

Nous nous arrêtons parfois dans un Drive In quand la chaleur écrasante se fait trop forte. J’ai vraiment l’impression d’être dans un film. Un motard s’arrête et nous sourit. Là, il n’y a plus de doute possible, nous sommes vraiment en Amérique.

Dans l’après-midi, nous arrivons au niveau du Lake Isabella, où la folie américaine reprend le dessus. En plus des 4x4 et des immenses campings-cars, ce sont maintenant d’énormes bateaux qui sont remorqués jusque-là. Le vent souffle aussi fort qu’à San Francisco par ici et des dizaines de planches à voile strient les eaux plutôt calmes du lac.

Plus haut sur la Kern River, des équipes de rafting descendent les rapides dans la chaleur de l’après-midi.

Mais on n’a pas vraiment le temps de s’arrêter ici : ce qui nous intéresse nous, c’est les Séquoias Géants !
Un peu déçus par une forêt de pins un peu commune au départ, on découvre finalement « le sentier des 100 Giants ».
Et là, plus rien ne compte, ni la fatigue ni les kilomètres. Ces arbres ne ressemblent à rien de ce que nous avons vu jusque-là. Ils sont ENOOOORMES ! Certains ont plus de 1000 ans, parait-il. Ça me semble un peu dur à imaginer, mais puisqu’on le dit...

Un dernier point de vue sur la vallée depuis Dome Rock couronne cette journée aux dimensions hors du commun.

Le dilemme du couchage se résout vite ce soir. Un parking sur le bord de la Kern River, gratuit, mais pas agréable, fera l’affaire ce soir. Mais on paye cher cette gratuité : ici il n’y a pas d’eau de disponible, sur cette étendue de gravier nu où nous sommes au vu et au su de tous les camping-cars, dans notre petite voiture, et pour couronner le tout, j’en profite pour casser mon appareil photo, en refermant sans faire exprès la portière sur ma veste dans laquelle je l’avais rangé...

C’est notre troisième nuit dans la voiture, et on s’habitue petit à petit à dormir tout recroquevillés...

La suite : The road movie part of the trip - Mémo Californie 3/3



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