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Petite escapade auvergnate à Samaipata
Le 07/07/07

Petite escapade

Une petite escapade vers les limites d’un immense parc naturel, que nous n’aurons que le temps d’effleurer.
La ville de Santa Cruz est en effet « morte pour un long week-end de 6 août » : lundi, c’est fête nationale.
Mais un petit tour un taxi collectif et le tour est joué. En 3 h, nous nous retrouvons loin de la ville la plus riche et la plus « à droite » de toute la Bolivie (c’est la première fois depuis que nous sommes en Bolivie que j’aperçois des tags anti « Evo », le nouveau président indigène de Bolivie !).
Nous avons de la chance : pour tuer le temps nous avons eu le grand plaisir de pouvoir faire la connaissance d’un couple mixte, Bolivien-Suisse, dont la petite dame (coopérante suisse sur des questions de soutien aux indigènes, formation, législation, etc.) nous a appris tout plein de choses sur les mouvements sociaux en cours...
La ville de Samaipata, perchée au cœur d’un paysage tout fait auvergnat : C’est surprenant et ça change après tant de semaines de désert et de froid. Même si entre-temps nous avons fait un petit saut au cœur du climat tropical de Santa Cruz... tropical-urbain cela dit.

C’est la fête au village !

L’ambiance de fête qui règne dans ce petit village de 5000 habitants est vraiment surprenante. La population a apparemment triplé en moins de 24 h et la musique ne semble pas pouvoir s’arrêter un seul instant. Les musiciens changent de coin toutes les heures environ : ils sont rouges sous le soleil, mais n’arrêtent pas de souffler dans leurs trompettes pour autant. Cette musique typique des kermesses d’Amérique latine (enfin ce qu’on en a vu) est à la fois entraînante et militaire. Il est d’ailleurs un peu difficile de faire la différence entre une parade qui approche et le flonflon de la fête.
Quoi qu’il en soit, tout le village mangeait dehors sur la place en riant, souriant, et on a fait de même. Qu’il est facile de se sentir heureux, sans même savoir pourquoi, presque plein d’allégresse, lorsque tout le monde autour de soi partage ce sentiment !

Nous avons ensuite retrouvé nos amis de la route pour aller visiter le fuerte de Samaipata. Des ruines incas assez impressionnantes à quelques kilomètres de là. Une énorme pierre sculptée en tous sens, de gradins, de temples, d’observatoires astronomiques. Après le Machu Picchu, les explications nous ont paru évidentes.
Et malgré l’accent presque portugais du guide (on se rapproche du Brésil à grands pas), nous avons tout compris !

La soirée, de retour dans notre hôtel, nous a permis de faire la connaissance à la fois de nos hôtes, un couple de gens charmants et de notre voisin de chambre, un autre jeune Français versé dans l’art de faire du vin et en vadrouille pour un an en Amérique latine.
Le tenancier, âgé de 80 ans, n’en paraissait pas 60, et sa femme était d’une vivacité toute gamine. La longue cour fleurie, sur laquelle donnaient toutes les chambres, et au bout de laquelle ils se plaçaient un peu à l’ombre sur leur sofa, donnait à l’ensemble un chouette air de famille.
Mais nous ne nous sommes pas attardés : la fête battait son plein sur la place et nous ne voulions pas être trop loin de cette musique entraînante.

Fougères géantes

Sur les conseils avisés de notre nouvel ami qui en était à sa 3e semaine de séjour à Samaipata ( !!!) nous avons décidé de partir le lendemain à la découverte des forets de fougères préhistoriques. De ces bosquets de fougères géantes (elles ont la taille d’arbres véritablement), il ne reste aujourd’hui en effet que 4 endroits au monde où il est encore possible de les trouver. Et par chance, nous étions juste à côté de l’un d’entre eux !
En nous adjoignant les services d’un chouette guide, nous sommes donc partis pour une petite balade dans la forêt de 4/5h.
En le voyant armé d’une machette aiguisée, de près de 60 cm de long, un petit frisson a tout d’abord parcouru mon échine :
« euh, ce n’est pas juste... on n’est pas armé, nous ! »
Mais, c’était bien aux lianes qu’il réservait son usage.

Le chemin, en effet très étroit et encombré, peine à se faufiler au cœur d’une végétation parfois dense. Nous ne sommes pas au cœur de la jungle loin de là, nous sommes à 1700 m d’altitude, et presque au sommet d’un de ces monts qui luttent pour faire de ce paysage vallonné un des plus chouettes de Bolivie. Mais le microclimat qui règne sous ce couvert serré est particulier. Bien plus humide que le reste de la région, il règne ici une atmosphère parfois un tout petit peu oppressante. La quantité de gaz carbonique y est plus élevée qu’ailleurs nous explique notre guide.

Il est vraiment professionnel notre guide, il s’arrête toutes les 5 minutes pour nous expliquer les usages de chacune des plantes que nous croisions, médicinaux ou autre.
Il nous signale dès qu’il les « sent » les perroquets ou autres oiseaux colorés avant qu’ils ne s’envolent en un arc-en-ciel furtif.
Et surtout il connaît son chemin.

Les bosquets de ces fougères géantes surgissent de manière aléatoire au milieu d’une végétation plus « moderne », mais tout aussi dense. On dirait des palmiers...
Ça fonctionne pareil en tout cas, puisque régulièrement, tous les ans environ, la couronne de feuille au sommet se fane pour laisser place à une couronne supérieure, et devient anneau supplémentaire du tronc.

Après la balade chez les dinosaures il y a quelques jours à Sucre nous sommes en pleine époque préhistorique... On a parfois envie de croire que la Bolivie est comme un morceau de paradis perdu, avec ses paysages incroyables, ses plus hauts, plus grands, plus froids, plus secs, plus vieux, plus beaux...

Il parait que c’est encore mieux ailleurs...

En rentrant, notre chouette guide nous parle d’arbres encore plus incroyables que ceux qu’on vient de voir, des arbres immenses dont il faut être 6 pour faire le tour du tronc les bras écartés...
« C’est dans le Parc Noël Kempff... mais au nord-ouest de là où vous allez ensuite »

Hum... ça a l’air tellement tentant qu’il est dur de ne pas dire oui tout de suite.
Et en effet : à 4 h 30 le lendemain matin nous sommes debout. À 6 h nous sommes dehors, dans le froid bruineux du matin à la station de taxis : c’est décidé, nous rentrons à Santa Cruz pour attraper un bus de nuit vers San Ignacio ce soir !

On pourrait croire que cette journée tampon à Santa Cruz serait de celles dont je n’écris rien.
Ça aurait pu, si ce n’était ce chouette vieil homme, au volant de son 4x4 qui s’est arrêté quand, pour de rire, j’ai levé mon pouce. Ça faisait une heure que nous attendions et aucun taxi n’était encore arrivé...
Son beau-frère à l’avant de la voiture n’avait pas l’air d’apprécier l’invitation à monter qu’il nous a jeté... Nous avons hésité : les autres personnes de la station de taxis, qui patientaient avec nous, nous ont mis en garde :
« Il est sûrement dangereux, nous ne l’avons jamais vu par ici, faites attention ! »

Mais nous avons l’habitude de faire confiance à nos instincts. Un enfant dormait à l’arrière, et lui, avec son petit bonnet, son sourire tout tremblant et son air de joie halluciné quand nous lui avons dit que nous étions de France et qu’il nous a répondu qu’il avait lui aussi étudié en France il y a 30 ans, nous a convaincu de mettre nos sacs dans son coffre.
Sans comprendre ni pourquoi ni comment, nous nous sommes ensuite rendu compte que le beau frère sortait en râlant toutes ses affaires du coffre : il avait peur que nos sacs à dos n’abîment ses patates !

Une chouette rencontre

Nous étions un peu gênés au moment de partir, mais un grognement en espagnol du vieux en direction de son petit fils nous a éclairés :
-  « Tu vois comme il est chiant !! C’est incroyable, je te l’avais bien dit, je suis bien content d’être débarrassé de lui ! »

Laissant donc derrière nous cet homme de mauvaise composition et grommelant dans le brouillard, nous sommes donc partis en direction de Santa Cruz.

Quel chouette voyage nous avons fait là : cet homme extrêmement cultivé parlait le français à la perfection (ainsi que l’anglais). Il était avocat, avait une opinion intéressante sur toutes les choses dont nous avons parlé, du Che à l’acquisition par une société indienne d’une mine de fer non loin, en passant par sa thèse, sa famille ou encore son aversion pour les Chiliens (il vient d’écrire un livre sur la confrontation historique entre la Bolivie et le Chili), tout était intéressant.

Faisant clairement parti de la upper class, il n’appartient pourtant pas à cette classe d’oligarques qui réclame une indépendance de la région, forte des richesses primaires qu’elle contient et des infrastructures dont ils disposent.

Bref. Une chouette rencontre.

Plus tard, c’est un paresseux que nous avons rencontré nez à nez presque sur la place de Santa Cruz : il, ou plutôt elle, avait un petit bébé accroché à son ventre, et la tête en bas comme il se doit, mangeait paisiblement les bourgeons de l’arbre qu’elle avait élu.
Après les iguanes de Guayaquil, voilà des paresseux en liberté et sauvages au cœur d’une autre grande ville !

C’est vraiment chouette l’Amérique latine parfois !



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