Je viens de me rendre compte que nous partions à l’instant et de manière tellement triviale : en séjour « d’au revoir » chez mes parents à Strasbourg, c’est le téléfilm quotidien qui chaque soir préside au rituel de « l’avant coucher ». En rejoignant mes parents au cours de l’histoire, je me suis prise au jeu du suspense... Mais soudain, en lieu et place du générique de fin, c’est l’énigmatique « à suivre » qui s’impose à l’écran sur la figure torturée de l’actrice principale. « Suite au prochain épisode, mercredi 4 octobre. » C’est la révélation : mercredi, je ne serai plus là !! Je ne verrai pas la suite ! C’est donc sur cet intense sentiment de frustration que les chaînes de télévision savent si bien ménager en coupant si cruellement les scènes cruciales en leur milieu que je réalise enfin que mercredi je serai déjà à Sanaa. Que mercredi je ne serai plus dans un intérieur confortable, ni celui de la rue Claude Decaen que d’autres occupent déjà, ni celui de la rue du Bois qui m’a vue grandir.
Un peu perdus sûrement, nous serons arrivés là-bas après un périple aérien qui m’effraie un peu d’avance : 3 vols consécutifs pour atteindre la péninsule arabique ! 3 vols qui résonnent dans ma tête comme autant de chances de perdre nos bagages tout neufs, ou de s’égarer dans une correspondance en partance vers la Papouasie !
Mais aussi autant de chances de
lire enfin le guide du Yémen qui traîne dans mon sac à main depuis quelque temps
réaliser que l’on part et de prendre le rythme du voyage et de son inconfort relatif
se laisser doucement envahir par la présence de l’autre, de celui dont nous avons chacun décidé qu’il serait le principal témoin de cette course autour du monde dans laquelle nous nous lançons...
Advienne que pourra : il y a 3 ans - presque jour pour jour - le stress qui m’envahissait était bien différent. Il était peut-être plus intense, mais à y repenser j’étais définitivement bien mieux préparée : je m’apprêtais en effet à présenter mon discours de diplôme sur ce site de Londres qui m’avait tant plu par ses contrastes bigarrés et son intensité internationale. Aujourd’hui, c’est cette vibration passée - celles de mes années d’étude et de découverte encore proches - qui fait résonner en moi l’envie de partir vers l’inconnu.
Seuls, chacun dans notre pays natal, Emmanuel et moi retrouvons quelques jours avant le Grand Départ, les racines de l’envie d’ailleurs, celles d’avant le « nous »...
"les racines de ton envie d’ailleurs"... sans doute ont-elles effectivement poussé en partie dans le bois supradomimontain où "nous" avons passé notre enfance. Un "nous" désormais un peu dépassé dans la réalité mais qui subsiste toutefois dans une communauté de valeurs, de rêves, tous signes d’une insasiable curiosité.
Et c’est précisément parce que je comprends si bien cette envie d’ailleurs que je te souhaite tout le meilleur pour cette escapade qui démarre dans quelques minutes. Vous devez sans doute être déjà à l’aéroport, peut-être déjà à Sanaa en pensée.
Demain, maman regardera seule la deuxième partie du téléfilm qui lui rapellera que, sept jours plus tôt, c’était avec toi qu’elle regardait la première partie...
Et moi, dans mon univers à mi-chemin entre l’ici et l’ailleurs, dans cette Allemagne à la fois inconnue et familière, je me prépare à une année casanière (profiter de Berlin avant un nouveau déménagement, tel est le mot d’ordre) mais illuminée, je l’espère, par une cascade de pensées vagabondes venues de l’autre bout du monde...
alors, bon vent, bonne route et à dans un an !
lili
Alors ? Ca y est, vous etes partis. Et certainement bien arrivés à la première étape.
J’attends avec impatience les premières nouvelles, pour avoir une petite partie de mes pensées autour du monde, pendant que je reste à paris.
Bon voyage !
Vivement des nouvelles !
Réalisé avec SPIP - article.html