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La descente aux enfers
Le 15/10/06

Dernière nuit à Djabal Bura...

La nuit passée à même le sol dans une chambre de terre battue recouverte d’un lino partant en lambeau et derrière une porte le long de laquelle courent en continu des colonnes de cafard, aurait pu être dramatique...

Mais notre moustiquaire nous a sauvé. Suspendue à la lampe à pétrole, ce voile de tissu blanc si fragile n’a certainement eu qu’un effet placebo sur mon inconscient, puisqu’elle ne touchait pas le sol et que les cafards sont certainement venus nous chatouiller les pieds... Mais elle a apaisé mon esprit d’allemande, hérité de mon cher petit papa qui aurait eu une crise cardiaque depuis le temps par ici... Peut-être est-ce le fait d’avoir dormi avec à Paris, qui en a fait un objet familier auquel notre inconscient s’est accroché dans cet univers un peu décalé...

Climat tropical et excentricité

La journée d’aujourd’hui a été intense : les paysages sont toujours aussi incroyables, mais la chaleur commence à se faire intense, et l’humidité devient forte. Depuis la veille, un mal de ventre tenace me tord les boyaux par intermittence. L’inexistence de hammam (salle d’eau, c’est à dire WC à la turc dans laquelle on peut faire un brin de toilette avec un baquet d’eau) s’est peu à peu révélée à nos cerveaux d’européens incrédules. Elle nous laisse perplexe et un peu gênés... Faire nos besoins dans la rue n’a jamais fait l’objet d’un fantasme particulier de notre part et le besoin de nous laver, ne serait qu’avec un litre d’eau devient tenace après 5 jours de randonnée.

A l’odeur d’urine qui surgit par surprise au détour d’une terrasse, s’ajoute l’odeur de henné imprégnée dans mes mains. La descente aux enfers, c’est une expression de Manu qui a jailli spontanément au moment où la marche a débuté ce matin. On a du descendre 1000 m de dénivelé et prendre plus d’un degré par 100m, sans compter le taux d’humidité qui a lui aussi augmenté proportionnellement. En moins d’une heure nous avons été plongé dans un climat tropical, qui nous avait fort heureusement été épargné lors de la montée sur la face nord du djabal. La végétation est soudain devenue dense et luxuriante. C’est en effet dans une véritable forêt vierge de palmiers à laquelle se mêlaient bananiers et arbousiers que nous nous sommes engouffrés. Le chemin très pentu se vivait comme une série de petits sauts brusques de pierre en pierre... Trois hommes nous accompagnaient cette fois, puisqu’à chaque village un guide local a été nécessaire pour nous montrer le chemin vers le village suivant. Cette fois-ci, Ali, l’homme imberbe au visage de femme nous indique le chemin à travers la seule forêt classée du Yémen...

Petit à petit les spasmes sont devenus plus violents et je suis tombée malade... Vomissement et tout le tintouin : enfin ! Nous sommes en voyage pour de vrai :)

Le reste de la descente s’est effectuée en titubant sous le regard amusé des vaches en liberté qui nous ont suivi jusqu’à la route bitumé, au cœur du wadi...

... quand l’exceptionnel devient quotidien

Ces quelques jours à Djabal Bura ont fini de nous laver du reste de nos préjuges occidentaux et de notre besoin de confort occidental... Dormir par terre, ou dehors n’est plus un problème... Être sale non plus... Les affaires se laveront bien plus tard, elles tiendront bien un jour de plus ici... Maman rappelle-toi le jour où tu es venue me chercher à la fin du camp scout, et tu comprendras mieux le tableau :)

L’exceptionnel devient normal et inversement ici... Dans la forêt que nous avons traversée, les singes étaient foule et en liberté totale : une sorte de babouin, je pense. Ils poussaient de hauts cris et il me semblait que c’était dans l’ordre des choses...

Ce soir, nous dormirons à Zabid, dans une chambre avec télévision... aux portes de la ville mais au cœur d’un bidonville. Nous allumerons et la série américaine s’animera, sur les murs blancs de la chambre que nous quitterons ensuite pour aller dîner dans une case en terre, avec la famille d’Ambre que nous aurons rencontré en chemin... L’exceptionnel de ’friends’ sera à la télévision, tandis que nous aurons replongé dans le quotidien du repas en tailleur, les plats en fer blancs posés à même la terre battue, dans la cour-pièce-principale de cette maison d’arabes-africains, sous le ciel étoilé de ce pays qui nous adopte petit à petit...



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