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Tranquille Malaisie
Le 13/01/07

Malaisie surprise

Après avoir changé d’avis à la dernière minute une fois de plus, nous avons décidé d’abandonner l’île de Ko Lanta en Thaïlande pour celle de Penang en Malaisie.
Question de feeling.
Envie de ne pas se retrouver dans un bungalow sur la plage... Depuis qu’on nous a dit que le feuilleton français n’était pas tourné là-bas, Ko Lanta a en effet perdu beaucoup de son intérêt. :)

Bref, après la nuit mouvementée en bateau au retour de Koh Tao, nous avons donc enchaîné sur une journée presque entière de minibus pour la Malaise. Un arrêt à une Hat Yai pour changer de véhicule et de chauffeur nous a pour un court instant replongé dans l’atmosphère particulière de ces villes frontière, celles qui nous rappellent pourquoi nous aimons tant faire le tour du monde,
celles qui nous rappellent que la continuité du voyage est presque plus importante que les pays traversés.
La ville de Hat Yai, un peu comme celle Al Gayda au Yémen ou celle de Salalah à Oman avait encore le goût du pays auquel elle appartenait, en l’occurrence ici la Thaïlande, mais avait une atmosphère déjà étrangement teintée du pays voisin. Étant née dans une ville frontière moi-même je suis peut-être plus sensible à ce mix particulier de tendances, qui constitue une forme de culture à part.

À Hat Yai donc, la Thaïlande était encore là, avec son offre culinaire faite de poissons grillés entiers et embrochetés et de gelées étranges dans des cornets de feuille de lotus, mais la Malaisie musulmane était-elle aussi déjà présente ? J’ai croisé plusieurs de ces femmes au look thaï citadin, avec un foulard sur la tête, brodé de paillette. Dans un magasin de jupes et de hauts légers, une femme toute de noire vêtue en burka, le voile sur le visage en moins, m’a souri. Et les magasins halal se multipliaient tout le long des rues.

Visa et protectionnisme thaï

Mais la pause n’a pas duré : nous nous sommes rapidement embarqués dans notre dernier minibus de la journée, celui qui allait nous faire passer la frontière. Nous étions en compagnie de Greg, un Anglais débarqué en Thaïlande il y a deux ans de cela, devenu prof de plongée à Koh Tao, sur un coup de tête, comme beaucoup d’autres Européens que nous avons rencontrés. Il accomplissait le même voyage que nous jusqu’à Penang afin de renouveler son visa de 3 mois en Thaïlande.

Nous avons trouvé ça un peu étrange au départ, tous ces profs de plongée, toujours sur la route, tous les mois pour refaire leur visa (le plus souvent ils vont à Myamar, c’est moins loin et plus rapide), mais apparemment c’était comme ça pour la grosse majorité des Européens désirant travailler en Thaïlande. Il est impossible d’obtenir un permis de travail et un visa à long terme allant avec. Et alors même que l’industrie de la plongée est une des sources de revenus les plus importantes du pays (la plus importante du tourisme en tout cas, qui est elle-même la plus grosse source de revenus du pays), 90 pour cent des instructeurs ne vivent que sur des visas touristiques...
Le gouvernement aurait en effet pour ambition de protéger le pays à long terme des investisseurs étrangers, ceux-là mêmes qui participent au quotidien à maintenir la Thaïlande au niveau économique où elle se trouve à l’heure actuelle. Une récente demande à tous les investisseurs étrangers de bloquer 30 pour cent de leur investissement sur 3 ans a même provoqué le récent krach boursier de Bangkok et la baisse fulgurante du baht.
(Cela dit devant l’effondrement des valeurs, le gouvernement a retiré son projet à la fin de la journée !)

Penang, la perle de l’orient, buildings en folie

L’arrivée sur l’île de Penang peu de temps avant le coucher sur soleil nous a surpris. Nous n’avions pas de guide de Malaisie avec nous et ne savions donc pas du tout à quoi nous attendre. Liée par un pont à la terre ferme l’île était de taille conséquente, impression renforcée depuis le continent par la présence imposante de la montagne recouverte de jungle qui occupe le centre de l’île. Face à nous, de hauts buildings de béton et d’acier semblaient avoir colonisé la plaine qui court le long du rivage. La ville de Georgetown, capitale et seule ville en réalité de l’île, se présente comme un négatif parfait du village de vacances Thaïlandais classique qui a désormais colonisé toutes les îles du pays voisin.

Après avoir laissé notre bagage dans un petit hôtel de Chulia Lebuh, une rue dont l’architecture coloniale sans prétention nous a immédiatement charmés, nous sommes allés voir de quoi il en retournait. À Penang, baptisée la perle de l’Orient par ses colonisateurs britanniques, les contrastes permanents qui se jouent sur le plan urbain reflètent ceux des cultures du lieu. Les ambiances y sont multiples et alternent en douceur, malgré la violence des typologies qui s’affrontent. Le premier soir, ce sont de petites maisons de bois sur pilotis habitées par des familles chinoises et se découpant sur fond de tours de logement « à petit chapeau » qui ont attiré notre attention. Un pêcheur au look peu urbain pêchait pour le fun au bout de la jetée : à chaque poisson pris (des poissons à barbe, blanc brillant), le même rituel ; extraction, admiration, et libération ! Quelques pas plus loin, après avoir traversé Little India et Chinatown, c’est près d’un hôtel de ville au look très victorien que nous avons trouvé nos premiers hawkers (voir « Nos jours heureux à Singapour »), afin d’y déguster des fruits de mer. Mais ce n’était que le début : comme Singapour plus tard, Penang nous a charmés subitement, générant de ma part un emballement, si ce n’est exceptionnel, du moins durable.

Penang, ou l’équilibre finement dosé... Impressions

Au coeur d’un cimetière colonial abandonné, un tapis de fleurs blanches éclaire le sol d’une allée majestueuse bordée d’arbres tortueux et centenaires.

Le bruit doux des vaguelettes, qui s’écrabouillent sans force sur la petite plage de sable blanc parsemée de gros galets noirs, couvre presque le grondement du moteur de la petite barque bleue et rouge du pêcheur en face.

Les tours d’habitation blanches, qui ponctuent de leur silhouette gracieuse la promenade du front de mer, s’embrasent au soleil levant, tandis que face à eux, les énormes cargos noirs ancrés dans la mer Andamane se mettent doucement en marche.

L’architecture coloniale à deux niveaux, claire, stable, accueillante avec ses longues séries d’arcades, abrite tour à tour commerces indiens, restaurants chinois, et autres services informatiques modernes.

La forêt vierge, cette jungle qui conquiert la ville au pied de Penang hill, cache en son sein des arbres de trente étages aux fleurs rouges, jaunes et violettes, des lianes innombrables et des papillons que je n’avais encore jamais vus.

Les villages de maisons thaïes en bois et sur pilotis enserrent dans les faubourgs, sans complexe et avec le bonheur d’un mariage inconcevable et pourtant heureux, le pied des tours de logement de 100 étages.

Les milliers de foods stall (stands de nourriture) qui se glissent partout, en centre-ville comme au pied des tours, font briller la ville d’un feu continu, tout en libérant un appétit de vivre et un incroyable parfum de convivialité.

Nos papilles en folie dans cette ville, connue et réputée dans toute la Malaisie pour sa gastronomie aux alliances infinies, thaïes, indiennes, chinoises, anglaises et leurs hybrides ont du mal à choisir leur port d’attache le soir.

Des femmes voilées parcourent les rues, à côté d’autres en sari, en jeans, en mini-jupe, en burka, en chemise chinoise. Leurs yeux bridés, leurs nez épatés ou longs, leur peau éclaircie, naturellement hâlée, ou même noire... et la mienne à côté, pour former le parfait cliché Benetton.

Le côté petite ville de province au profil New-yorkais par ses tours et son cosmopolitisme hors norme est fascinant (Penang est le seul état de Malaisie dans majorité malaise) : ici les « bonjours » du matin, et les « comment allez-vous » heureux, s’adressent à moi comme aux autres, sans distinction de classe de couleur ou de religion. Le barbier sur son pas-de-porte m’invite à m’asseoir sur une chaise pour me faire la causette, tandis que j’attends l’ouverture du magasin d’à côté. Le pousse-pousse malais étrange (avec son siège à l’avant et son conducteur à l’arrière) offre nonchalamment sa course d’une invite de la main, etc.

Notre maison coloniale abandonnée sur la colline enfin, dans laquelle nous sommes rentrés en poussant une porte mal fermée. Un climat tempéré à 800 m d’altitude avec vue sur la mer au sortir de la jungle, en complet contraste avec le paysage qui s’étale dans la plaine en contrebas. Une maison de 5 o’clock tea, aux plafonds très hauts et aux douze chambres abandonnées, dont les chauves-souris s’enfuyaient en hurlant sur notre passage, au plancher tout craquant et aux plafonds un peu vermoulus. Une maison lumineuse cependant, que j’aurais achetée sur le coup avec le reste de l’argent du voyage, si une fois de plus Emmanuel ne m’avait pas tempérée :)

Jungle et rubber gum

Mais le temps file et Penang n’était qu’une escale imprévue sur notre route vers Singapour. Tout comme le sera d’ailleurs Kuala Lumpur, dont les tours Petronas nous font de l’œil depuis Bangkok. La traversée entre ces deux highlights malaisiens de notre voyage sera surprenante de verdure. La Malaisie que nous avons parcourue du nord au sud (4 fois pour moi, en raison d’un oubli commun d’appareil photo dans un cybercafé de Penang) est entièrement recouverte d’une mer vert foncé et palmée. Cet océan de troncs coiffés de feuillages immenses, s’offre à la saignée plusieurs fois par an : il s’agit d’arbres à caoutchouc (rubber gum tree)... La Malaisie en serait le premier exportateur mondial. C’est qu’en sa situation géographique proche de l’équateur, la Malaisie connaît un climat équatorial de type hyper humide, caractérisé par une température constamment élevée (selon Wikipédia). En tous les cas sur les quelques jours qu’a duré notre traversée du pays, la chaleur n’a pas varié d’un iota !

Mais le plus étrange est certainement d’être ainsi plongé dans cette jungle tropicale sans autre perspective possible que celle de la route qui crée sa tranchée verte pendant de longues heures... et ensuite de débarquer au coeur d’une forêt de gratte-ciel !...

Kuala Lumpur, la grande la belle nous attendait

De KL, nous n’avons pas eu le temps de voir beaucoup plus que les Petronas et le centre-ville, mais cette escale nous a mis dans le bain des grandes capitales d’Asie du Sud Est. Contrairement à Penang où la vie est douce, même entre les gratte-ciel, à KL, le bourdonnement du rythme quotidien est bien présent, toujours vibrant, du matin très tôt au soir très tard. Les tours en construction partout dans la ville entrent en résonance avec la skyline (ligne d’horizon) déjà chargée depuis quelques décennies. Ici, les transports en commun font leur première réapparition depuis Calcutta et son métro. Le monorail, le skytrain, le métro et les bus s’interconnectent et se répondent dans le ciel et sous les terres de la grande ville. Ici, tout est moderne, tout est technologique. Les passes sont magnétiques, les lignes élancées.

Les tours Petronas sont incroyables de majesté. Leur plan géométrique, inspiré d’un symbole musulman évoquant l’unité et l’harmonie, est à la fois extrudé, élégant et complexe. Mais c’est surtout leur symétrie parfaite qui rend l’édifice à la fois si excitant, et si bien proportionné. (Les tours de 415 m de haut ne semblent en effet pas si hautes, du fait de la largeur de la base totale (combinaison des deux bases + espacement)). Seule, une tour Petronas se serait perdue dans la foule des autres tours, sans que l’on puisse réellement distinguer les quelques dizaines de mètres qui ont fait la différence... (c’était les tours les plus hautes du monde jusqu’en 2004 où la tour Taipei de Taïwan, qu’on espère voir également, les a dépassées) Mais à deux, et surtout de nuit, ces monstres d’architecture en imposent au reste de la ville, comme une étoile polaire locale, un point de repère immanquable et attirant. Et c’est sur un fond de nuages rétroéclairés, que leur silhouette toute de lumière éclatante nous a en effet happé comme tous les autres, le soir de notre arrivée.

Cela dit, malgré tous les efforts qui sont faits pour rendre le centre ville agréable, la création du parc de la CBD en témoigne, la ville reste, au premier contact, un peu agressive, congestionnée et... presque quelconque.

On est encore loin de la perfection, de la fluidité, et de la brillance de Singapour !... Mais seule notre prochaine escale nous le confirmera... (cf. article « Nos jours heureux à Singapour »)



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