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Huaraz, folie urbaine et mystique montagnarde 1/2
Le 29/06/07

La fête au village

Huaraz est une petite ville de montagne, relativement touristique, dans laquelle nous avons atterri en fin de matinée un vendredi de juin. Nous venions d’un petit village terré au fond d’une vallée. Un petit village tout calme que 4 jours de randonnée dans la montagne nous avaient presque fait prendre pour un gros bourg animé.

Mais en arrivant à Huaraz, nous avons soudain compris notre erreur. En débarquant en plein cœur du « festival de aventura », nous avons été pris au cœur d’un tourbillon auquel nous ne nous attendions pas. Sous un soleil aveuglant, la ville explosait de cris, de musiques et de couleurs. Sur la plaza de Armas en pleine rénovation après le xième tremblement de terre qui l’avait secouée ces dernières années, se tenait une estrade sur laquelle des vélos de compétitions faisaient des démonstrations sous les vivats d’une foule si compacte qu’il nous a été presque impossible de la traverser.

Plus tard et à plusieurs reprises au cours de cette journée dont nous n’avons pas réussi à suivre le rythme fantastique, nous avons croisé des processions qui allaient en tout sens, l’une déposer une statue de la Vierge dans une église proche, l’autre apporter une relique d’un saint dans un autre sanctuaire.
Les cortèges étaient fous et terriblement décalés dans cette ville où les backpackers semblent avoir complètement trusté l’économie.
Des défilés de petites mémés en habit indigène alternaient avec le passage de hordes d’hommes en costume à plume, se trémoussant au son d’une musique très rythmique et presque africaine dans son expression dansée...

Le petit hôtel dans lequel nous avons atterri ce jour-là était un condensé de cette ville. Aéré parce qu’encore complètement en construction, inachevé, mais esthétique, plein de bruits étranges et de formes que l’on ne comprenait pas, mais résolument tourné vers un avenir qu’il espérait heureux.

Le Phénomène Machu Picchu

C’est également dans cette ville que j’ai pour la première fois pris conscience du « phénomène Machu Picchu ».
À peine étais-je entrée dans le petit musée de la ville où j’espérais trouver des renseignements sur le site de Chavin que nous avions prévu de visiter le lendemain, qu’un jeune homme fort dynamique et avenant m’avait déjà « kidnappée ».
Assise presque de force face à un ordinateur trônant au centre du hall d’entrée, il m’a enjoint avec force enthousiasme de voter pour le Machu Picchu sur le site internet dont l’ambition était de déterminer un nouveau classement des 7 merveilles du monde « moderne ». Mes vagues protestations quant au fait que je n’avais pas encore eu la chance de voir cette « merveille » ne lui ont fait ni chaud ni froid. Si je ne votais pas de suite, il était impossible que je visite le musée !

Après cette expérience tout à fait spéciale, je n’ai pu ignorer plus longtemps l’énorme battage médiatique que le gouvernement avait lancé autour de cette affaire à priori intime de vote entre internautes passionnés d’histoire.
Entre chaque spot publicitaire à la télévision, sur chaque devanture de magasin, une image du Machu Picchu s’étalait en proclamant alternativement :
« Machu Picchu es de todos los Peruvianos ! »
« Vote para el Machu Picchu ! »
... Je me demande si l’un de vous en France était au courant que la Tour Eiffel concourait avec ce fameux Machu Picchu et qu’il était de votre devoir national de tenter de la sauver ?!

Turismo mystico

Le lendemain, une chouette aventure, de celles qu’on a plus tellement l’occasion de revivre dans ces pays trop touristiques, nous attendait.
Après nous être réveillés trop tard pour partir à Chavin (le bus partant à 4 h du matin, nous nous n’avons pas réussi à trouver le courage de nous lever à 3 h), nous nous sommes laissés tenter par une offre tout à fait étrange figurant dans le programme du festival de Huaraz : a 9 h du matin, un départ était organisé depuis la Plaza de Armas pour Oncopampa dans le cadre d’une opération de « turismo mystico »...
Ne sachant pas trop à quoi nous attendre, nous nous sommes donc présentés à l’heure dite au lieu du rendez-vous. Une quinzaine de Péruviens s’étaient déjà entassés dans un minibus. En nous serrant un peu, nous les y avons rejoints, tout heureux de ne pas être parmi nos confrères backpackers.
Malheureusement, après moult hésitations et tergiversations exprimant son regret de devoir refuser deux « vrais touristes », l’organisatrice de l’évènement, nous a expliqué qu’il ne restait plus de place dans la voiture et que, non, désolé, nous ne pouvions pas venir, les places étaient déjà réservées par des gens qui venaient d’arriver.

Nous nous apprêtions déjà à faire contre mauvaise fortune bon coeur, quand deux jeunes citadines péruviennes, qui elles aussi s’étaient fait sortir de la voiture avec un peu moins de ménagement que nous, nous ont interpellés :
« On ne va pas se laisser décourager pour si peu, non ?
Bamos a Oncopampa con un collectivo, si si es possible !
Ustedes ban con nosotros ?

Bon, bon, puisqu’on nous le demande si gentiment, on les a suivies.
On ne savait pas vraiment où on allait. Ni ce qu’on allait y faire, mais on nous avait parlé avec un air tellement mystérieux d’une cérémonie sacrée qu’on allait reproduire dans un ancien temple, aujourd’hui site archéologique classé, qu’il nous était impossible de refuser...
Notre expérience des sites archéologiques étant déjà conséquente, nous nous sommes tout de suite imaginé que nous allions nous rendre sur un très grand site, très accessible, où une foule de danseurs folkloriques et de petites madames tenant des stands de nourriture odorants nous attendraient certainement.
Une sorte de kermesse péruvienne.

Nous allions à la fois être bien déçus, et très surpris.

Un chouette voyage

Les petites dames que nous avions décidé de suivre, très excitées par cette sortie de week-end sortant apparemment de l’ordinaire, s’étaient lancé à l’aventure avec une foi peu commune en leur capacité à se mouvoir « en province ». Sans vraiment se demander pourquoi la municipalité s’était donné la peine d’organiser un transport collectif, elles nous ont entraînés à leur suite dans un premier taxi, puis un collectivo, dans l’espoir de trouver ensuite un autre transport collectif capable de nous amener dans ce fameux village de Oncopampa, qui ne figurait bien évidemment sur aucune de nos cartes.
Manque de chance, le collectivo espéré n’existait tout simplement pas.

Au bout d’un certain temps, une petite indigène avec les dents en or, un chemiser d’un autre âge et un grand chapeau s’est approchée de nous et nous a expliqué qu’elle aussi désirait rejoindre le village et qu’on pouvait tous ensemble se cotiser pour tenter s’offrir les services d’un « taxi brousse ».
La route normale étant bloquée, il nous a fallu du temps pour convaincre un xième taxi de passage de nous prendre dans son véhicule qui n’avait rien de tout terrain en apparence et qui pourtant allait devoir affronter les pires reliefs.

Le voyage dans la montagne, tout en passage de cols et de pâturages verdoyant a duré plus d’une heure et demie. Les vues, qui nous ont été offertes ce jour-là, font partie de celles que je n’oublierai jamais. Pas qu’elles aient été plus incroyables que celles que nous avions déjà vues : les montagnes n’y étaient pas plus hautes et l’herbe n’y était pas plus verte. Mais j’avais pour la première fois depuis longtemps, l’impression de passer à travers des zones encore inexplorées par la gente occidentale.
Aucune trace de magasin de trek dans le coin.
Les petits enfants allaient pieds nus comme dans toutes les campagnes du monde encore non industrialisées. Les femmes ressemblaient toutes avec plus ou moins de variation, à notre passagère à la dent en or et à la petite fille aux joues si rouges qu’elles en semblaient presque brûlées par le soleil.
Les hommes conduisaient leurs ânes, coupaient les briques de terre et de paille qui séchaient au soleil, et on apercevait parfois dans les champs comme une corolle de fleur ouverte au soleil, les jupes multicolores d’une femme assise dans l’herbe.

Nous étions plongés au cœur d’une harmonie de conte de fées que rien de venait troubler. La « route » même que nous empruntions n’égratignait en rien le paysage complexe et magique, de son ruban de terre caillouteuse. En épousant complètement le terrain dans ses pires aspérités, elle cheminait cahin-caha entre les bosquets d’arbres et les maisons au toit de chaume, sans jamais chavirer.
Que la profession de chauffeur de taxi est intrépide dans ces pays montagneux et si peu développés !

La suite : Huaraz, folie urbaine et mystique montagnarde 2/2



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