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Le Huayna Potosi au bout du piolet (I)
Le 23/07/07

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Ascension du Huayna Potosi, 6088m - 1er jour
Ascension du Huayna Potosi, 6088m - 2nd jour

La Cordillère des Andes

La Cordillère des Andes est bien connue pour ses sommets vertigineux. Aussi, longtemps avant d’arriver en Bolivie, nous avions entendu parler des 6000 m de la Cordillère. 6000 mètres, ça impressionne ! Heureusement pour les gens comme nous, le commun des mortels (encore en forme), il existe dans chaque pays quelques sommets « faisables ».

Nous avons voulu faire le Cotopaxi en l’Équateur, volcan de 5.897 m, puis nous avons abandonné pour cause de méchante turista... Au Pérou, ce sera la fatigue d’après le trek de Santa Cruz qui nous a fait reporter le projet encore une fois.

Nous voilà maintenant à La Paz en Bolivie, le dernier pays au cœur de la Cordillère des Andes : c’est le moment ou jamais.
Après avoir tourné un peu en rond quelques jours dans notre hôtel qui concentre un bel échantillon de la société hippie-punk européenne, on se décide. Ce sera le Huayna Potosi !
Certes, il s’agit d’un des sommets de plus de 6000 mètres les plus faciles à gravir du monde...
Bon, enfin quoi, quand même, ça se mérite !!

Le départ

Nous avons rendez-vous à 8 h 30 à l’agence. On nous prête un manteau pour Magali, des pantalons chauds, des gants, et dans le magasin d’à côté on nous loue deux paires de lunettes de glaciers. Quand l’agence nous ramène nos chaussures totales plastiques avec les crampons qui vont avec, et le beau piolet, on commence à frémir... Aaah, l’appel de la montagne !
Déjà, Manu toise le piolet dans les yeux, le regard fixe sur l’horizon...

Bien naïfs, avec nos deux petits sacs de collégiens, nous devons nous rendre à l’évidence : pour contenir tout le matériel nécessaire à pareille expédition, nous dûmes réquisitionner nos deux gros sacs de baroudeurs, rendant jaloux le reste de nos effets, laissés, hors du coup, dans de pauvres sacs à patates.

Il est temps de partir. Le vent souffle sur l’Altiplano. Le soleil rayonne et le ciel est si bleu qu’on pourrait presque y voir les étoiles...
Nous sommes quatre dans le minibus qui nous emmène au pied de notre montagne sacrée.
Deux jeunes Françaises, Marion et Laure, deux étudiantes alpines en médecine, alpinistes de surcroît, vont partager avec nous cette petite escapade.

La camionnette monte d’abord les flancs de la ville de La Paz pour s’arracher du cirque protecteur de la ville. Nous atteignons alors les faubourgs les plus pauvres de la capitale, ceux qui sont exposés au vent, à l’altitude, donc au froid. Aux abords d’un marché, nos deux guides boliviens sautent de notre véhicule pour aller faire les provisions pour les deux jours qui suivent.

Nous traversons ensuite la banlieue qui s’étale en éclaboussures dans la pampa. Petits à petit, les maisons sont de plus en plus clairsemées dans la vaste plaine. On commence à grimper en direction du sommet.
Ça y est, il est dans notre champ de vision.
La route, qui se transforme alors en piste, suit le versant d’une petite vallée, où se blottit une rivière clairsemée d’étranges lacs. Ces lacs sont en effet bicolores : bleu et orange, étonnant contraste !

Nous voilà sur le parking au pied de la montagne. Après un bref déjeuner, tous blottis dans la camionnette qui nous a amenés, nous entamons la première partie de l’ascension.
Nous avons encore tous le matériel de neige dans le sac. Pourtant déjà la neige est là et nos chaussures glissent sur ces petites plaques blanches, quand ce n’est pas sur les éboulis de pierre.
Mais, finalement, ces 400 mètres de dénivelés sont assez rapidement avalés.

Le camp des roches

Nous voilà donc au refuge « camp des roches » à 5100 m d’altitude.
Beaucoup de monde dans ce refuge.
Tous les guides se réunissent dans une tente bleue à l’extérieur, où ils peuvent se retrouver entre eux. C’est là que nos guides nous préparent un thé et une collation réparatrice. Arrivés tôt en début d’après-midi, on a du temps à tuer. On commence déjà à s’installer dans le dortoir. Celui-ci est juste un alignement de matelas à l’étage du refuge.
Les filles commencent à s’impatienter, car on leur a promis un entraînement au piolet et au crampon avant le grand jour (de demain). On attend, on glande, et finalement cet entraînement (pas indispensable à mon avis) ne viendra pas.

Le levé, le « lendemain », est prévu à minuit... C’est pour dire que l’on s’est couché tôt ! Vers 19 h. À vrai dire, je n’avais jamais été aussi haut de ma vie... Et l’air se fait quand même rare. À ceci s’ajoute l’excitation du lendemain, émotion qui touche tout le monde, et, peut-être, l’anxiété de l’échec (d’après nos guides, seulement 50 % des personnes arrivent à atteindre le sommet).

Aussi, le sommeil vient difficilement.
Il arrive finalement. Je ne saurais décrire les rêves que j’ai faits, mais plusieurs fois je me suis réveillé en sursaut, essoufflé, en manque d’air, comme si mon corps avait oublié que je devais respirer comme à 5000 mètres d’altitude...

Vu le froid ambiant - dehors souffle un vent d’une force effrayante - et la durée de la nuit, nous dormions tout habillés dans les duvets prêtés par l’agence organisatrice de l’ascension.

Réveil difficile

À minuit, mon réveil sonne. Curieusement, j’ai l’impression d’être alors le premier réveillé. Pas de lumière, personne ne bouge.
Quelques minutes plus tard, les deux filles qui montent avec nous se lèvent et commencent à remballer leurs affaires. Magali et moi nous extirpons de notre duvet et faisons de même, dans le noir de la nuit.
Mmm, pas facile de lever l’ancre en pleine nuit comme ça. Dehors souffle un vent glacial. Nous sommes les premiers du refuge à bouger.
Le rez-de-chaussée, qui était encore une salle à manger quand nous sommes allé nous coucher, ressemble à un squat : des duvets habités un peu partout à même le sol, contre nos sacs à dos, entre les crampons, sous la table à manger, des affaires éparpillées partout...

Nous réveillons nos guides. Ils se mettent alors tout de suite au travail. Magali se sent déjà mal à cause de l’altitude. Et ça l’empêche même de toucher au petit déjeuner préparé par les guides !
Après ce repas copieux, que nous prenons à moitié debout, tout en essayant d’enfiler le baudrier dans le bon sens, sans tomber sur ceux qui dorment encore par terre, nous attaquons le sachet de feuilles de Coca que nous avons acheté la veille au marché de La Paz.

Quelques bouchés de feuilles sèches qu’on mastique sur le côté de la bouche (comme le khat au Yémen), auquel on rajoute un peu de pâte de cendre de bananes (au goût sucré) qui sert d’alcalisant : par réaction chimique avec les feuilles et la salive, la substance la plus intéressante de cette plante passe alors directement dans le sang via les muqueuses de la bouche. Un peu de coca et en 2 minutes Magali a déjà moins mal à la tête !
La coca est une plante miracle pour le mal d’altitude : ça supprime les maux de tête, ça dilate les poumons et ça donne de l’énergie.

Suite de l’article :
Le Huayna Potosi au bout du piolet (II)



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